Revue des marchés de octobre 2024
Canada Vie - Nov 06, 2024
Pour le mois ayant pris fin le 31 octobre 2024
Introduction
Un étrange cocktail de données économiques et de résultats financiers a laissé les investisseurs perplexes quant à la santé de l’économie mondiale et aux prochaines décisions des grandes banques internationales. Par conséquent, les marchés boursiers se sont repliés en octobre. Au Canada, l’excellente performance du secteur de l’énergie a poussé l’indice composé S&P/TSX vers le haut. Les actions américaines ont baissé. Le prix du pétrole et celui de l’or ont monté ce mois-ci, tout comme les rendements des obligations gouvernementales à 10 ans du Canada et des États-Unis.
Les pressions inflationnistes se sont maintenues en octobre, ce qui a incité la Banque du Canada (BDC) et la Banque centrale européenne (BCE) à réduire les taux d’intérêt. Plusieurs grands pays ont fait savoir que leur économie s’était bonifiée au troisième trimestre de 2024, quoique modestement. L’activité manufacturière mondiale demeure préoccupante en présence d’habitudes de consommation changeantes. À l’inverse, le secteur des services continue de croître.
La BDC soustrait 50 points de base du taux directeur
Lors de sa rencontre d’octobre, la BDC a réduit de 50 points de base (pb) à 3,75 % son taux directeur au jour le jour. Même si les économistes s’attendaient à une coupe de cette ampleur, il n’en demeure pas moins que cela trahit combien l’économie canadienne a besoin de soutien dans le contexte actuel. La BDC croit que cette diminution était nécessaire, compte tenu de l’économie en stagnation, du marché du travail affaibli et de l’inflation inférieure à la cible des 2 %. En septembre, l’inflation canadienne s’établissait à 1,6 %. Tiff Macklem, le gouverneur de la BDC, a déclaré que, selon les administrateurs, nous serions désormais en situation de basse inflation. Ayant pour objectif de maintenir l’inflation autour de la cible des 2 %, la BDC mise sur les récentes réductions de taux pour stimuler les dépenses et l’activité économique. Le marché de l’immobilier quelque peu léthargique préoccupe aussi la BDC. Elle espère que sa dernière et considérable diminution de taux aura pour effet de faire suffisamment baisser les taux hypothécaires pour relancer la demande et les ventes dans ce secteur primordial de l’économie canadienne. On peut s’attendre à d’autres assouplissements de taux, mais la BDC a rappelé qu’elle fondera chacune de ses décisions sur les données.
La demande intérieure américaine reste forte
Les consommateurs américains continuent de faire montre de force et de résilience malgré les conditions financières difficiles. Les ventes au détail ont monté en septembre pour un troisième mois de suite, cette fois de 0,4 %. Le phénomène a été plutôt généralisé. Les dépenses en matière de vêtements, de soins de santé et d’aliments ont augmenté ce mois-ci. Les conditions financières serrées ne semblent pas importuner les consommateurs américains qui peuvent compter sur les économies accumulées durant la pandémie et sur un marché du travail plutôt robuste. Cette attitude a participé à la croissance économique des États-Unis. Une estimation préliminaire révèle que l’économie américaine aurait gagné 2,8 % sur une base annualisée au cours du troisième trimestre 2024. Elle a tiré profit de l’augmentation des dépenses personnelles qui se sont relevées de 3,7 % pendant le trimestre. S’il est encourageant que la croissance se soit poursuivie ce trimestre-ci, il n’en demeure pas moins qu’elle a été inférieure à la fois à celle de 3 % du deuxième trimestre et à celle de 2,9 % que les économistes attendaient. Certaines sphères de l’économie américaine freinent sa croissance. Le marché de l’immobilier a encore reculé au troisième trimestre, car la demande est ralentie par le loyer de l’argent élevé et la hausse du prix des maisons.
Devant un nouveau trimestre de croissance et la détermination des consommateurs, les investisseurs se demandent à quelle vitesse la Réserve fédérale américaine (Fed) abaissera les taux d’intérêt. Elle semble disposée à le faire, mais peut-être pas aussi rapidement qu’on l’espérait il y a tout juste quelques mois. Elle aura deux occasions d’annoncer sa décision en la matière d’ici la fin de l’année.
Le FMI déclare que la dette publique pourrait atteindre 100 billions $ US
Le Fonds monétaire international (FMI) sonne l’alarme quant à la hauteur de la dette publique. Dans la plus récente édition du Moniteur des finances publiques, le FMI affirme que la dette publique pourrait s’élever à 100 billions $ US (139 billions $ CAN) d’ici la fin de l’année, et atteindre 100 % du produit intérieur brut d’ici la fin de la présente décennie. Le fonds croit que cela risque d’avoir des conséquences néfastes sur l’économie mondiale. Il pense que les pays se montrent trop optimistes dans l’évaluation de leur dette qui pourrait donc ne pas refléter sa valeur réelle. Dans le contexte actuel, les pays se trouvent dans l’obligation de dépenser plus afin de soutenir la croissance, mais ils ont du mal à augmenter les taxes. Le FMI ajoute que cela exerce une forte pression sur les pays qui doivent trouver des solutions à la pauvreté grandissante et à la crise climatique. Les marchés financiers d’un pays fortement endetté peuvent être moins attirants pour les investisseurs intérieurs et extérieurs.
Dans ses Perspectives de l’économie mondiale publiées au même moment, le FMI a révisé à la baisse ses prévisions en matière de croissance économique mondiale pour l’an prochain, de 3,3 % à 3,2 %. Bien que l’assouplissement de la politique monétaire et l’essoufflement de l’inflation devraient avantager l’activité économique, les tensions géopolitiques et la montée du protectionnisme risquent de l’entraver. En ce qui a trait au Canada, le FMI s’attend à ce que la croissance économique s’accélère l’an prochain en raison de la promptitude et de la relative agressivité avec lesquelles la BDC a réduit les taux d’intérêt, ce qui devrait relancer les dépenses des consommateurs, les investissements et le marché de l’immobilier.
Les investisseurs attendent un signe de la Chine
Les investisseurs sont en train de perdre confiance dans l’économie chinoise et dans ses marchés financiers, et ils demandent au gouvernement et à la Banque populaire de Chine (BPC) d’intervenir en instaurant des mesures propres à soutenir l’économie. Celles-ci semblent sur le point de se matérialiser après la perte de vitesse de l’économie chinoise dont la croissance n’a été que de 4,6 % d’une année sur l’autre au troisième trimestre de 2024. À la fin de septembre, la BPC a fait savoir qu’elle verrait à assouplir sa politique de manière à relancer l’activité touchant aux prêts, aux dépenses et au marché de l’immobilier.
En octobre, la BPC a baissé son taux préférentiel pour les prêts à un an et à cinq ans de 25 pb, à 3,10 % et 3,60 % respectivement. L’un comme l’autre n’a jamais été aussi bas. Les réductions ont pour objectif de raviver la demande intérieure et l’activité du marché de l’immobilier chinois. Des mesures fiscales destinées à soutenir la croissance pourraient aussi voir le jour. À la fin d’octobre, le parlement chinois a annoncé qu’il prévoyait de tenir une rencontre au début de novembre au cours de laquelle il pourrait donner plus de détails sur ces mesures fiscales.
L’Europe tirera également avantage d’une économie chinoise plus robuste. Selon une estimation provisoire, l’économie européenne a gagné 0,4 % au troisième trimestre. La croissance de l’Europe a été plutôt rectiligne, éteinte par les conditions financières difficiles qui accablent les consommateurs et l’activité commerciale. En octobre, la BCE a soustrait 25 pb de son taux directeur dans l’espoir d’éperonner la croissance. On croit que la BCE continuera à baisser les taux d’intérêt, tout particulièrement si la croissance se fait attendre et si l’inflation descend sous le taux cible.